En attente d’un heureux événement…

 

 

Bon, on ne va pas se mentir… cette rentrée n’est pas fofolle ! Et, si ce n’est pas vraiment une surprise, on ne s’attendait pas forcément à ces nouveaux soubresauts politiques venant assombrir le tableau et accroître les incertitudes. Preuve en est, le baromètre de rentrée Ifop-Fiducial révélant un moral des Français en plein décrochage, avec 69% exprimant leur pessimisme… Pourtant, comme l’a rappelé hier l’économiste Mathieu Plane, la situation économique de la France est loin d’être catastrophique. Croissance modeste mais positive, chômage contenu, épargne record… bon, ce n’est certainement pas Broadway… mais l’économie semble résister et c’est plus l’instabilité politique et sociale qui inquiète. Bien évidemment, cela engendre des crispations et personne n’est épargné. Pas même notre secteur qui serrait déjà les dents après un premier semestre plutôt tendu. Ce n’est pas la première fois… ce ne sera sans doute pas la dernière… et on ne va pas rappeler la capacité qu’ont nos professionnels à rebondir et à être résilients. Mais ce qui est assez particulier cette fois-ci, c’est qu’on a l’impression … de ne pas tout piger ! De ne pas très bien saisir ce qui se passe vraiment et ce ne sont pas les signaux contradictoires qui nous aident à y voir plus clair.

En premier lieu, les gros porteurs événementiels ont l’air plutôt en forme, voire en croissance, tandis que beaucoup d’autres acteurs semblent « souffrir ». Il n’y a qu’à interroger les agences pour s’y perdre à nouveau : certaines affirment que la fin d’année est complexe mais que « ça va le faire », d’autres disent être sous l’eau tout en précisant néanmoins que c’est plus en raison d’un grand nombre d’appels d’offre que d’opérations à foison. D’autres avouent, à demi-mots, ne pas avoir grand-chose… ni dans un cas ni dans l’autre. Idem du côté des prestas et lieux avec des sons de cloche assez différents. Il y a néanmoins un point qui semble commun à presque tous les acteurs : la baisse de l’activité est réelle et se concrétise essentiellement dans le corporate… qui fait vivre une majorité d’entre eux.

En second lieu, le baromètre de rentrée Bump prévoit que les dépenses en com atteindraient 35,7 milliards d’euros sur l’année, soit un marché étale par rapport à 2024. Pourtant, tous les outils de communication ne semblent pas logés à la même enseigne. Ainsi, si la pub semble bien résister malgré un contexte international difficile et une conjoncture politico-économique délicate en France, le hors médias (dont l’événementiel) accuserait une baisse de -3,5%. C’est souvent le cas en période d’incertitude et ce n’est pas une surprise pour les pros de l’événement.

Pourtant, c’est peut-être sur ce point qu’il faudrait réfléchir : pourquoi, en temps de « crise », les annonceurs ne misent pas sur le hors médias ? Pourquoi, en temps de « crise », l’événementiel ne tire pas son épingle du jeu alors que chacun sait que cet outil de com est particulièrement adapté ? On entend que les annonceurs sont dans une phase aiguë d’attentisme. On peut facilement comprendre qu’ils soient en quête d’un peu plus de visibilité et de stabilité pour investir. Pourtant, ils continuent de le faire dans la pub… On peut aussi comprendre que l’augmentation des coûts de production d’un événement soit encore un frein au moment où tout le monde se serre la ceinture. Mais depuis quand la pub est-elle meilleur marché ?

N’y aurait-il pas d’autres explications à trouver ? Ainsi, le vrai sujet du manque d’évaluation ou de mesure d’un événement n’est-il pas devenu un frein lorsqu’on doit rentabiliser chaque euro dépensé ? Est-ce que les formats de l’événement corporate – faisant vivre la majorité des agences – ne seraient pas aujourd’hui dépassés et peu adaptés à ce qu’attendent les nouveaux publics en entreprise ? Est-ce que le modèle actuel des agences est encore compatible face à ces récurrents soubresauts d’activité ?

Le temps est venu pour le secteur de répondre à ces questions, de faire de ce temps incertain un levier et non pas une fatalité, de reprendre son bâton de pèlerin pour encore et toujours rappeler les valeurs ajoutées de l’événement. On le sait tous, rien n’est jamais acquis et surtout pas quand ça tangue. Mais on sait aussi, qu’à chaque crise succède un temps de renouveau, de réinvention et d’intelligence collective. On espère donc tous ce qui serait… un heureux événement !

 

 

 

 

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