Tendances et innovations

Tout sur le métavers avec Jean-François Hollender

Jean-François Hollender, Dg associé chez With Up Com et Spirit of Meta

Rappelez-nous, le plus simplement possible, ce qu’est le métavers…

« Sur le fond, le concept du métavers est celui d’un univers virtuel persistant (c’est-à dire qui continue d’exister même lorsque nous ne sommes pas connectés) et à l’intérieur duquel chacun peut vivre une expérience immersive réelle de tout ordre : culture, éducation, formation, interactions sociales, entertainment, gaming, consommation, etc.

Dans l’imaginaire collectif il n’y aurait qu’un gagnant, qu’une seule plateforme, qu’un seul et unique métavers, sorte d’univers parallèle unique dans lequel vous pourriez mener votre vie digitale. En réalité, il existe déjà beaucoup de métavers différents, chacun explorant tout ou partie de ces expériences immersives, dans un style graphique qui lui est propre ! On imagine très bien voir fleurir demain des centaines de métavers qui vous permettront d’accéder à des expériences immersives aussi variées qu’intéressantes.

Techniquement, le métavers imagine relier le passage vers toutes ces plateformes grâce aux technologies du web 3.0 (décentralisation, blockchain) et permettre d’y introduire l’utilisation des cryptomonnaies, des NFTs, des avatars, des skins… En bref, toute votre identité et votre portefeuille d’actifs cryptés. L’accès à ces mondes virtuels peut se faire dès aujourd’hui via un ordinateur ou, si vous en êtes équipé via un casque de VR. »

Dispose-t-on aujourd’hui de toute la technologie requise ?

« Oui et non ! Les ressources pour la création de ces univers 3D sont très puissantes et permettent d’ores et déjà de rêver à une infinité de mondes virtuels de qualité. En revanche, concernant l’accès à ces univers, mieux vaut utiliser des ordinateurs suffisamment puissants et ce n’est pas encore très abordable pour les non passionnés. Pour une immersion absolue, en VR, il faut s’équiper d’un casque dont le prix demeure élevé et pas encore suffisamment « plug and play » pour être étendu au très grand public. »

Justement, il ne manque pas des outils spécifiques ?

« Pour permettre aux utilisateurs d’accéder à des expériences immersives de qualité, il n’y a que deux solutions : avoir un ordinateur avec une carte graphique puissante ou alors mettre à disposition cette puissance de calcul graphique sur le réseau, en ligne. Cette deuxième solution permettrait d’élargir massivement l’accès au métavers. Mais, aujourd’hui, la mise à disposition de ce type de serveur reste très coûteuse et c’est bien cette dimension financière qui est un frein actuel au développement du métavers. »

Concrètement, de quelle façon le métavers peut intéresser une entreprise ?

« Nous sommes en capacité de créer un monde sur-mesure reflétant précisément son univers, ses offres et ses services. Ainsi, pour exemples, d’imaginer un showroom afin de découvrir la nouvelle gamme de véhicules électriques voire effectuer un tour de circuit avec, visiter son futur appartement en immersion totale, offrir un concert à ses clients vip, donner une conférence de presse, organiser une exposition immersive sur l’excellence de ses métiers, plonger au cœur des mécanismes des complications horlogères… tout est imaginable ! L’impact pour l’utilisateur est immédiat, il est actif dans cette expérience, décide où il souhaite aller, vit une immersion absolue, découvre de nouvelles sensations. Il en résulte une vraie mémoire de l’expérience, comme si on l’avait vécue dans un monde réel !

C’est ce que nous avons proposé à Orange lors de Vivatech 2021 sur lequel nous avons déployé un métavers, dans le but d’expliquer aux visiteurs les usages et bénéfices de la 5G sur un mode ludique. Ce que nous avons fait, de façon concrète, à travers le monde de la santé, la mobilité, l’éducation, l’entertainment, les smart cities… Le visiteur mettait un casque VR le transportant, notamment, dans une salle d’opération au sein de laquelle un chirurgien exerçait en direct. Toutes ces expériences étaient ensuite mises en ligne durant un mois et disponibles sur tous les devices. »

Quel conseil donneriez-vous aux marques hésitantes à s’y mettre ?

« De le faire vite afin de ne pas louper le coche, comme certaines l’ont fait à l’époque de l’émergence des réseaux sociaux. Le métavers est un grand virage qu’il faut savoir prendre, même si pour le moment tout n’est pas abouti et encore perfectible. On remarque que certaines enseignes du luxe, notamment, ont pris le train en marche alors que d’autres secteurs d’activité sont moins curieux d’innovation. La conception d’un métavers pour présenter des produits tangibles (automobile, immobilier) est plus simple à imaginer qu’un métavers qui présente des produits d’assurances… Certains acteurs du luxe vendent déjà des vêtements…. virtuels ! De quoi inspirer les plus visionnaires !

Quoi qu’il en soit, la génération qui arrive est déjà très sensibilisée au métavers et si l’on veut garder le contact avec elle, il va falloir s’y mettre ! ».

(Crédits photos: DR, EPA)

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