Quelque chose à vous dire

Jean-Louis Lespart, Directeur de l’événementiel et de la production TV de la Française des Jeux

 « Nous vivons un inévitable retour à l’essentiel, à quelque chose de moins futile et allons forcément donner plus de sens à nos actions et notre activité. »

De quelle façon votre entreprise traverse-t-elle cette crise ?

« Avant même le confinement, nous avions anticipé le risque et mis nos 2 500 collaborateurs en télétravail afin de ne garder qu’une équipe très réduite, en rotation, sur le site. Seules les entités data center, supply chain et les studios d’enregistrement demeurent ouverts, avec le minimum de personnel pour avoir des conditions de sécurité optimales. »

Avez-vous initié ou participé à des initiatives citoyennes ?

« Dès les premiers jours de de la pandémie du Covid-19, au travers la Fondation FDJ, nous avons versé 1M€ au titre de la solidarité à la Fondation des Hôpitaux de France et avons, ensuite, monté en interne 2 collectes de dons. La première, initiée en partie par les collaborateurs, a permis de recueillir sur le principe du volontariat des jours de congés et des RTT. Nous avons ainsi obtenu près de 2 000 jours, soit l’équivalent de 400 000 euros pour l’aide au redémarrage de l’entreprise, qui pour information, au nom de la solidarité nationale, n’a pas souhaité faire appel à l’aide gouvernementale du chômage partiel. La seconde a permis de récolter plus de 1 400 jours soit environ 300 000 euros remis, via la Fondation FDJ, à l’alliance « Tous unis contre le virus » en faveur des soignants, de la recherche et de l’accompagnement des plus démunis. »

Comment s’est organisée votre communication externe et interne ?

« Durant toute cette période de confinement, la communication a été cruciale pour nos équipes afin de pouvoir répondre à leurs questions légitimes. Et, pour affiner nos modes de fonctionnement, chaque semaine, les équipes se réunissent via Teams. D’autre part, pour venir en soutien en cas de difficulté ou de mal-être dans leur vie professionnelle ou privée, nous avons mis en place un numéro de téléphone « FDJ for me ». Concernant l’externe, tout ce qui relevait du grand public, comme par exemple la publicité, a été stoppé. Nous avons seulement maintenu les tirages de nos jeux Loto et EuroMillions ainsi que leur diffusion télévisée. »

Qu’en-est-il des événements que vous aviez programmés ?

« Durant ces semaines d’arrêt, une partie de nos 400 événements annuels (grand public et corporate) a bien sûr été annulée ou reportée. Ainsi notre grande convention de la mi-mai à la Seine Musicale se tiendra en 2021 et notre AG est reportée au 18 juin pour se tenir en webcast depuis nos studios de Boulogne. Pour l’instant, à ce stade, seule la participation de notre équipe au Tour de France cycliste est maintenue, mais je crains que compte tenu des dates, il y ait moins de monde sur le bord de la route du Tour. »

Comment avez-vous géré la situation avec vos fournisseurs événementiels ?

« Nous avons, dans la grande majorité des cas, trouvé des accords de report afin de capitaliser sur le travail qui avait déjà été engagé. En revanche, les événements qui n’étaient pas encore contractualisés, à l’instar d’une opération incentive à Bali, ont été annulés. Dans l’ensemble, tous ont joué le jeu y compris les lieux sur lesquels nous avions des options.»

Après ces semaines de télétravail et de relation exclusivement digitale, quelle forme va prendre votre future communication ?

« Il est sûr que dans les prochaines semaines, voire mois, la digitalisation de la relation va prendre le pas car nous ne connaissons pas la durée de cette pandémie et qu’il est hors de question d’exposer nos collaborateurs. L’entreprise a d’ailleurs pris un certain nombre de décisions : n’avoir sur sites que les personnels indispensables, réduire la capacité d’accueil des espaces collectifs, reconfigurer les espaces individuels pour garantir la distanciation, fournir une dotation de masques à chaque collaborateur pour son activité pro et perso, interdire jusqu’à ce que les conditions sanitaires soient réunies tout déplacement. Cela dit, la digitalisation de nos prochains événements se trouve grandement facilitée par le fait de disposer avec La Française d’Images de studios d’enregistrement en interne, qui sont d’ailleurs très demandés par les agences événementielles actuellement. »

Est-ce à dire que vous vous orientez exclusivement sur le digital ?

« Rien ne remplace la rencontre mais nous allons être obligés d’attendre ! Et puis, nous allons devoir faire face à des coupes drastiques dans nos budgets de communication et, hélas, en événementiel. Le choix de ne pas mettre nos collaborateurs au chômage partiel et la baisse de notre chiffre d’affaires en matière de jeux et paris sportifs fait qu’il est à craindre que nous n’envisagions pas ou peu d’événements jusqu’en 2021 voire 2022… Ceux que nous ferons seront sans doute internalisés ou revus à la baisse. »

Heavent Meetings, reporté à début septembre, devrait être le tout premier grand rassemblement de la filière. Y participerez-vous ?

« Cela dépendra du contexte du moment, mais c’est bien évidement un rendez-vous important pour nous annonceurs et organisateurs d’événements. Il nous offre une occasion unique de rencontrer les professionnels du secteur, d’échanger sur nos projets, de voir les tendances et nouveautés. Les conférences nous apportent la sensibilité d’autres annonceurs sur des problématiques données, de partager nos points de vue, de faire émerger de nouvelles idées. C’est aussi un moment convivial qui permet d’élargir notre réseau.»

Que retirez-vous, à titre pro et perso, de cette période ?

« Déjà une belle expression de solidarité que nous avons pu mesurer, entre autres, chez tous nos collaborateurs. Ensuite, cette crise nous invite à nous questionner sur notre mode de vie. J’y vois un inévitable retour à l’essentiel, à quelque chose de moins futile, aux vraies valeurs et la confirmation que nous avons un besoin fondamental d’être en lien avec les autres. Rien ne remplace la rencontre et la relation physique. Par exemple, durant toute cette période de relations « virtuelles » durant laquelle nous ne pouvons appréhender la communication non verbale, on se rend bien compte que cela devient beaucoup plus compliqué d’échanger et d’optimiser ce relationnel ! Enfin, nous allons sûrement donner plus de sens à nos actions et notre activité ».

 

 

 

 

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