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Crédit : A. Février

Frédéric Bedin, directeur général du Public Système et organisateur des festivités liées au 40ème anniversaire de la prise du pouvoir de Kadhafi.

« Vendre des spectacles à un pays qui veut s’ouvrir au monde… c’est plutôt à notre honneur ! »

Dans quelles circonstances Public Système a-t-elle été approchée et pour quelle partie des festivités qui ont duré 9 jours ?

« C’est par le biais du publicitaire Philippe Skaff, conseil en image de la Libye, avec qui j’avais travaillé au Qatar. Il a pensé à nous pour cet appel d’offres lancé auprès d’une dizaine d’agences internationales dont 2 françaises. Cela dit, comme il y avait déjà eu de gros événements pour les 30 ans au pouvoir du colonel Kadhafi, nous imaginions bien qu’il y aurait des opérations d’envergure pour le 40e anniversaire surtout à un moment où la Libye effectue son retour sur la scène internationale. C’est un comité de ministres, présidé par celui de la culture, qui nous a appelé en février. Nous avons alors entamé des discussions jusqu’en mai et l’on nous a dit banco le 8 du même mois. Cinquante personnes de l’agence ont été mobilisées. »

Quels étaient les grands axes du brief ?

« Il s’agissait de célébrer l’ouverture de la Libye au monde à travers plusieurs événements dans 8 villes dont Tripoli, Benghazi, Sabratha, Ghadamès… Dans chacune, qu’elle soit moderne ou ancienne avec souvent de magnifiques vestiges, nous avons offert à la population un spectacle à chaque fois différent en fonction de l’histoire du lieu. Il y a eu, par exemple, des projections de nuit réalisées par de nombreux artistes Français. Nous avons aussi organisé un dîner pour les chefs d’état, agencé un restaurant de plage pour les déjeuners des personnalités non musulmanes – car nous étions en plein ramadan – monté un espace de restauration sur l’île de Farwah et, bien sûr, conçu et produit le grand spectacle du 1er septembre se déroulant dans les jardins du port de Tripoli sur une mise en scène de Martin Arnaud. »

D’autres agences participaient-elles aux événements ?

« Il paraît qu’une agence française aurait travaillé sur une opération concernant le 10ème anniversaire du 9/9/99, date de proclamation de l’Union Africaine à Syrte en Libye. Il y avait aussi une troupe de théâtre égyptienne qui a fait un spectacle, la veille du nôtre, dont de nombreuses images montrant des pendus nous ont été parfois attribuées à tort par la presse! (ndlr : Figaro magazine du 5 septembre) .»

Avez-vous été libre de votre création et de choisir vos prestataires ?

« Rien ne nous a été imposé. À partir du moment où le brief concernant le show était respecté (c’est-à-dire retracer l’histoire du pays en 4 parties) il y a eu très peu de modifications créatives. Pour la centaine de prestataires qui nous ont accompagné (parmi lesquels Magnum, Procon, Novelty, GL events, Jaulin, Lenôtre, Groupe F, Myrific, Utram, Lumisson, etc.) nous avons choisi en priorité des sociétés qui sont référencées chez nous et avec lesquelles nous travaillons depuis longtemps. Puis, nous avons élargi le cercle, ce qui a d’ailleurs engendré une belle solidarité entre ces 1500 personnes réunies durant 2 mois. Pour l’anecdote, nous avions quand même 180 camions de matériel, 20 avions et quelque 80 containers de 40 pieds ! »

Il paraît que vous auriez bataillé ferme pour obtenir le paiement du budget estimé à 36 millions d’euros !

« Il est clair que pour un contrat international de cette ampleur, on demande des garanties. Il y a eu, c’est vrai, quelques tensions au printemps, mais, au final, ils ont respecté leur engagement à la lettre. Pour ce qui est du budget, je ne donnerai aucune info et je me contenterai de communiquer les résultats de l’agence à mes actionnaires dans deux jours. »

Diplomatiquement parlant, ce type d’opération est sûrement délicat ?

« Je ne suis pas diplomate même si nous avons fait une visite de courtoisie à l’ambassade. Sur place, c’est bien sûr une culture différente et il faut comprendre le client au même titre qu’un autre. Finalement, par leur côté méditerranéen, je pense que nous sommes plus proches des Libyens que des asiatiques par exemple. Et puis, nous avons l’habitude de travailler avec des clients étrangers même si la période du ramadan rendait les choses un peu plus délicates. Mais du coup, c’était vraiment festif la nuit et nous avons partagé une belle ambiance avec la population. »

Que répondez-vous à ceux qui vous critiquent d’avoir travaillé pour un dirigeant très controversé ?

« Ce n’est pas à moi de juger s’il est ou non controversé. Je me suis bien sûr posé des questions. Mais aujourd’hui la France et ses entreprises travaillent de nouveau avec la Libye, des sociétés événementielles étrangères travaillent aussi avec ce pays. Je considère que vendre des spectacles à un pays qui veut s’ouvrir au monde c’est plutôt à notre honneur ! En plus, nous avons fait travailler beaucoup de boîtes françaises dans une période difficile».

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