C’est un post LinkedIn, datant de 3 semaines, qui donnerait presque envie de rigoler si le sujet n’était pas aussi touchy ! Écrit par la responsable marketing & communication d’une entreprise de service – dont l’activité liée à l’automobile est proposée sur toute la France via un large réseau – c’est carrément un appel d’offres visant à trouver une agence pour orchestrer les 4 événements 2026 de cette enseigne qui a été publié. Oui oui, vous avez bien lu ! Un appel d’offres en tête de gondole du fil d’actu de LinkedIn, avec le bon gros pavé illustratif baptisé casting en cours et, cerise sur le gâteau, la mention de laisser son adresse e-mail en commentaire pour recevoir les détails de cette compétition. On peut se demander si cette personne, qui semble avoir dans la trentaine, s’est levée un bon matin en se disant « tiens si je faisais de l’événementiel ? » sans en maitriser aucun code ni usage. On peut se demander aussi si, plus expérimentée qu’on ne le croit, elle ne vient pas d’ouvrir – sans doute involontairement – la voie vers des pratiques inhabituelles et surprenantes qu’elle justifie dans un commentaire par ces mots : « laisser sa chance à tout le monde d’obtenir de la visibilité ». Très logiquement, Lévénement asso lui a fait remarquer que publier un appel d’offres sur les réseaux soulevait de vraies questions et n’allait pas dans le sens des pratiques et de l’éthique que l’organisation défend bec et ongles depuis des années. Mais là où ça se corse, c’est qu’une quinzaine d’agences (dont la plupart sont adhérentes à cette même asso) ont répondu au post pour proposer leurs services. Ce n’est pas très étonnant de constater, une fois encore, la dichotomie entre le respect des consignes édictées par une association et la liberté prise par ses membres pour des raisons bien souvent économiques. Et, honnêtement on ne peut pas trop leur jeter la pierre puisque cette année 2025 est, il faut se l’avouer, bien pourrie pour nombre d’entre elles !
Il n’en demeure pas moins que ce post en dit long… très long même sur notre secteur chéri. Sur cette nouvelle génération qui arrive aux manettes et qui s’affranchit, sans souci, des codes de ses ainés en dépassant allégrement la frontière de ce qui ne se fait tout simplement pas ; sur les caractéristiques de cette époque qui nourrit les égos à coups de publications sans aucun filtre ni retenue sur les réseaux sociaux ( à ce titre, LinkedIn s’est bien « Facebooké » entre posts personnels dont on se contrefiche qui n’ont rien à faire sur ce réseau professionnel et longs pavés de prises de position plus ou moins intéressantes permettant juste de prouver que l’on existe dans l’écosystème) ; sur l’état du secteur qui vit une année 2025 très compliquée à laquelle personne ne s’attendait vraiment, succédant en plus à une année 2024 marquée par les JOP propulsant les pros de l’événement dans une idyllique euphorie dont, au final, bien peu ont concrètement et économiquement profité… On peut donc se dire que ce n’est pas étonnant dans ce contexte éco/politico bien plombant, que les fondements même de la com événementielle soient exposés à des initiatives et pratiques parfois dignes du far west… On peut se dire aussi qu’il est grand temps que tout l’héritage des pros de ce secteur soit au minimum préservé et qu’il va falloir très vite trouver le moyen de siffler la fin de la récré !