Maux d’époque

Il y en a qui terminent chaque fin de phrase d’un « tu vois ? »… il y a ceux qui soulignent leurs propos de « entre guillemets » en faisant les gestes pour mieux se faire comprendre… d’autres qui prononcent un « enfin, bref » tous les 10 mots… Et je ne m’attarde pas sur les ados pour lesquels « t’inquiète », « wesh », « ça passe crème » « grave » et « tranquille » émaillent chaque conversation à un tel rythme qu’on perd le fil de la discussion au bout de 15 secondes ! Tous ces tics de langage – qui apparaissent on ne sait comment puis disparaissent aussi vite –  se répandent à la vitesse de l’éclair portés par les médias, les réseaux sociaux mais aussi un effet de mimétisme en écoutant notre entourage. « Dans une société de l’hypermédia, on est baignés en permanence dans des prises de paroles, avec un bruit de fond incessant » souligne la sémiologue Elodie Mielczareck (*). Mais finalement à quoi servent ces locutions qui pour certains appauvrissent notre langue et pour d’autres l’enrichissent ? Pas à grand-chose sur le fond mais… à beaucoup sur la forme ! « Ils servent à ponctuer le discours, à mettre du liant, davantage d’expressivité ou à maintenir la conversation sans laisser de blanc. Ce sont des mots-béquilles pour soutenir le langage » détaille le lexicographe Edouard Trouillez (*). Un avis que partage Bertrand Périer (*), prof d’art oratoire, tout en étant plus péremptoire : « Le locuteur peuple ainsi de sons sa prise de parole à défaut de la peupler de sens ». Ces petits mots auraient donc bien pour fonction de garder le contact avec l’interlocuteur, d’être des connecteurs voire des signes d’appartenance à une communauté ou une entreprise, d’aider à la structuration et l’interprétation du discours.…  En un mot… à communiquer ! Tu vois ?

(*) Le Parisien

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